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Mariages

On ne se mariait pas par amour  dans la majorité des cas.

Comment cette absence d’amour se voit elle? Tout simplement en observant que le comportement des conjoints et de ceux qui les entourent serait bien souvent différent si cette dimension leur tenait à cœur.

 

Dans ce cadre, en l’absence de divorce, on peut se demander quelle était l’ambiance au foyer de nos ancêtres entre un mari et une femme sans amour l’un pour l’autre, de nombreux enfants et une lutte de chaque instant pour subvenir aux besoins de la famille.

Les grands principes 

Dans une société régie par la tradition, la religion et la hiérarchie patriarcale il est nécessaire de respecter des règles dans le choix respectif des conjoints.  Chacun a ses exigences et ses règles:

Pour l'église

 

Avant la révolution seul existe le mariage religieux.

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L'église a un rôle qui va au delà de la foi, elle assure aussi le rôle d'administration et est officiellement responsable d'une partie des tâches administratives (tenue des registres, enregistrement des naissances mariages et décès, existence d'un double du registre etc...). Ces obligations n'ont rien de religieux et relèvent aujourd'hui du maire et des services de la mairie. 

 

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On ne doit donc pas  regarder cette église avec des yeux contemporains ou son rôle ne couvre plus les aspects de la vie citoyenne. Il y a un mélange des genres qui n'est pas du fait de l'église mais bien des autorités et du Roi de France qui lui ont confié des missions régalienne. En France, son rôle a été renforcé pour lutter contre le protestantisme à partir de la fin du 16° siècle.

Il est difficile de dire si certains des principes religieux trouvent leur origine dans la foi, la tradition ou la mission d'ordre civil qu'elle assume dans de nombreux pays. Ainsi d'un pays à l'autre l'église n'assure pas les mêmes fonctions.

En France l'église a longtemps été le symbole de l'administration Royale qui s'est prolongée au delà de l'instauration de la République. Cela explique sans doute l'origine d'une partie des débat Religieux/Laïc qui agitent encore l'opinion d'aujourd'hui.

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D'un point de vue religieux, on ne peut épouser:

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  • Les parents directs jusqu’aux cousins issus d'issus  de germain (si 2 grand parents au moins sont cousins germains)

  • Son parrain ou sa marraine

  • Avant l'âge de 13 ans pour les femmes et 15 pour les hommes. L'âge n'était pas calculé comme aujourd'hui par rapport à une date précise, on parlerait plutôt de 13° année et 16° année. De nombreux indices  amènent à penser que nombreux étaient ceux qui ignoraient leur date de naissance précise.

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Les parrains et marraines d’un filleul commun peuvent se marier entre eux En cas de veuvage on ne peut se  remarier avec:

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  • Ses beaux frères ou belles-sœurs

  • Les parrains ou marraines de ses enfants

Pour l'état

 

Le mariage est une cérémonie publique qui doit avoir lieu devant témoins. Ceci, pour éviter les mariages clandestins ou que des personnes puissent prétendre être mariées entre elles alors que ce serait inexact. 

 

Les témoins sont là pour attester des noms, qualités, origines des époux. Ainsi ce sont les témoins qui pourront dire si deux mariés sont cousins trop proches pour se marier, si ils sont bien ceux qu'il prétendre être. Ils ont souvent membres de la familles et plus vieux que les mariés. La carte d'identité n'existait pas...

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Les deux mariés doivent donner eux même, à haute et intelligible voix leur consentement pour éviter les mariages forcés.

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Dans certaines régions les mariages sont précédés presque systématiquement d'un contrat dans lequel les apports des familles respectives des mariés sont détaillés, et précise ce qu'il advient de leur bien en cas de décès d'un des conjoints sans héritier.

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Après son mariage dans de nombreuses régions les femmes portent toute leur vie leur nom de jeune fille. La Normandie se distingue, entre autres, parce que les femmes portent ensuite le nom de leur mari. Cela se devine par le fait que sur les actes de décès, le nom de famille de l'épouse n'est jamais inconnu, alors qu'en Normandieon note que parfois ce nom de jeune fille est oublié.

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Pour la famille

 

Le consentement des parents est demandé et est obligatoire avant 25 ans pour les femmes et 30 ans pour les femmes. les mariages sont des "arrangements" entre familles. Il peut y avoir des raisons financières, foncières, commerciales...

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Pour la tradition

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Les mariages suivent des coutûmes locales qui diffèrent d'une région à l'autre. Il y a parfois des aspects surprenant comme des mariages "à la chaine" ou le curé marie plusieurs couples à la fois (jusqu'à 10). On peut même se demander parfois si tous les mariagesprésentaient le même caractère festif que ce que l'on imagine et raconte souvent.   

Face à ces interdictions il y a des rebellions et des dispenses sont possibles, nous le verrons.

Les changements à la révolution

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La révolutionde 1789 va lancer un lent et irréversible processus de changement

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  • Fin du rôle de l'église

Les mariages ne se font plus obligatoirement devant un prêtre catholique mais devant un officier d'état civil laïcet sont indépendant de la religion pratiquée

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  • rigueur administrative

La précision des informations contenues est beaucoup plus importante et doit permettre d'identifier les protagonistes de l'acte sans doute ni confusion.​

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  • divorce

Autorisé par la révolution en 1792, il sera abol​i en 1816 avec le rétablissement de la Royauté avant d'être définitivement autorisé sous la 3° république en 1884.

 

  • témoins

Leur rôle perd petit à petit de l'importance pour devenir symbolique. Les papiers d'identité, les contrôle des actes (naissance...) d'avant mariage les ont progressivement rendu ​secondaires. Cela se voit à travers la précision des informations les concernant qui, avec le temps, diminue.

Et dans les faits

Avant la révolution de 1789, l’âge minimal pour se marier  était de 13 ans.  Mais heureusement on n’observe pas de naissance avant  l’âge de 16 ans et , pour ces rares cas aucune femme n’est morte en couche.

Pour calculer l’âge on ne tient pas compte de la date exacte de l’anniversaire, le calcul se fait par différence entre l’année en cours et l’année de naissance. Parfois les mariés ont moins de 13 ans.

On se marie jeune 50% des femmes sont mariées avant 22 ans et chez les hommes 50% avant 26 ans

Ce sont les parents et la famille qui décident

Le choix de décider qui épouse qui relève le plus souvent des parents eux-mêmes. Cela se déduit des coïncidences trop  nombreuses pour être attribuées au seul hasard, comme les mariages simultanés de fratries entres elles  quand des frères et sœurs épousent le même jour d’autres frères et sœurs.

L'an mil sept cent cinquante trois le vingt sept février après la publication des trois bans de mariage entre Pierre Bouquin fils de Valérien Bouquin et d'Anne Rabillon de cette paroisse et Marie Grelat fille de Sylvain Grelat et de défunte Perpétue Demoule de Vignoux et entre Antoine Bouquin fils de Valérien Bouquin et d'Anne Rabillon et Marguerite Grelat fille de Sylvain Grelat et de ladite Perpétue Demoule

L'an mil sept cent cinquante trois le vingt sept février après la publication des trois bans de mariage entre Pierre Grelat fils de Sylvain Grelat et de défunte Perpétue Demoule de Vignoux et Marie Bouquin fille de Valérien Bouquin et d'Anne Rabillon de cette paroisse

Ce système durera jusqu’à la première moitié du XX° siècle. Avant son mariage en 1932, mon grand père maternel connaissait à peine ma grand-mère Marcelle Baucher. Ma grand-mère  en pleurait en se rendant à la cérémonie. En revanche leurs pères se connaissaient depuis  leurs études au séminaire. Et leur mères  avaient des parents en commun.

 

Et que dire de ma grand tante Edith Guillois qui, terrorisée à l’idée de coucher avec son mari Louis Glotin,  alla s’enfermer dans une armoire le soir de la nuit de noce en 1928.

 

Pourtant dans ces deux cas au niveau de la génération des parents  des mariées il y avait eu un mariage d’amour.

Les parents sont du même milieu professionnel

Sur des  communes ou une zone géographique limitée tous mes ancêtres exercent la même profession. Cela illustre le fait que les unions ne se produisait qu’entre personnes issues de même milieu professionnel.

 

Sur la carte du département du cher ci-contre j’ai représenté la répartition des professions de mes ancêtres sur les différentes communes ou ils résidaient. On voit assez nettement que la répartition n’est pas homogène.  Dans certaines villes mes ancêtres étaient majoritairement artisans, sur d’autres  ils sont majoritairement dans l’agriculture.

Ceci n’est pas le fait du hasard. C’est l’illustration du fait que comme on se mariait entre fils et filles de gens exerçant les mêmes professions, lorsque l’on remonte dans le temps cela se traduit par le fait que l’on observe une nette domination de certaines activités.

Cette répartition ne correspond absolument pas à celle qu’un recensement général des métiers aurait fait apparaître.

Artisans dans une famille d’artisans

Les ancêtre connus d’Hélène Noblet de Mehun/Yèvre dans le Cher sont bouchers, charcutiers, tailleurs, drapiers, meuniers, bref tous artisans. Elle épousera Jean-Baptiste Louriou, un menuisier d’Issoudun, dans le département voisin de l’Indre

Le boulanger épouse la fille de son fournisseur

Jeanne Jégourel est la fille d’un marchand de farine, elle épouse en 1835 Jean-Marie Le Bihan, boulanger et client des ses parents

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