Face à l'offensive allemande de mai 1940
Mobilisé
Parmi les mobilisés de la guerre 39-45, mon grand oncle, Yves le Bihan. Voici son récit des opérations de mai 1940 qui se solderont par sa captivité et la défaite de la France:
Le 17 novembre 1939 mobilisé, il part aux armées ou il ne se passe rien jusqu’à l’offensive allemande du 10 mai 1940.
Samedi 11 mai 1940
Yves part pour le front et à la gare du Nord il retrouve des amis, déjeune à Aulnay, ou il est 3 fois bombardé.
En route vers la Belgique ils traversent des communes ou ils aperçoivent les résultats des bombardements à Tergnier, Aulnoy, Fourmies ( usine près du port). Il arrive à Anor au PC de leur unité en début d’après midi à 14h 30.
A 18h, ils sont survolés par une formation de18 bombardiers allemands qui passent, allant vers l’Ouest, puis une 2e formation de 26, vers l’Est . Ils quittent Anor à 20h pour passer la frontière Belge à 21h30 ou à leur grande surprise compte tenu du contexte On leur demandent leurs papiers d’identité. Yves est en tête à ouvrir la marche.
Yves Le Bihan
Stuka allemand
Dimanche 12 mai 1940 c’est la Pentecôte .
Après une courte halte à halte à Chimay à 2h du matin, il atteignent Baileux à 4h. Pour dormir il n’ont que 3 lits pour 6, sans couverture ni draps, juste un sommier. Le groupe est dissimulé dans un sous bois.
Yves raconte:
« A 21 h c’est le départ par nuit claire- avion tout feux allumés nous survole à 500 m, peu avant Couvin. Est-ce un français ? Non il revient en remontant la colonne et les mitraille avec des balles traceuses. »
Pendant 20 minutes ils sont tranquilles.
A Couvin « Voici l’avion on met pied à terre, on s' abrite dans des portes, par 5 fois il passe et nous mitraille. Il lâche une bombe- Les chevaux sont affolés- Un chariot de l' État-Major part à la dérive. »
A la CR d°, 3 chevaux renversés- 3 hommes blessés. Nous avons eu le baptême du feu.
Lundi 13 mai 1940 .
A 1 h ½, nous arrivons à Dourbes - nous logeons au château Nous sommes réveillés par les avions qui bombardent en direction de Givet et Mariembourg. Plusieurs avions sont descendus. 17 h, la reconnaissance part vers les positions: Jurhoff, Durand, Laff, Burgelin et moi, notre toubib est Romieux, (futur beau père de Philippe, 3° enfant d'Yves).
Nous faisons deux arrêts en route à cause des avions. Sur le terrain nous avons le deuxième baptême du feu. Les Batteries Allemandes nous tirent dessus, au moment où Lafargue et moi nous allons en avant sur la crête pour chercher un poste d observation. »
Prisonnier en Allemagne
On couche à la belle étoile dans des taillis. Je mange juste une tablette de chocolat. Première nuit à dormir sur la terre- Nous comptons les secondes entre le départ des coups, vus par les lueurs et l’arrivée sur Gochenée et cela toute la nuit.
Mardi 14 mai 1940 à 3h, la colonne est arrivée comme prévue. Les hommes se mettent aussitôt à creuser aux emplacements prévus. Au petit jour, 5 heures, les avions de bombardement attaquent et l'artillerie les pilonne. les hommes sont obligés de se plaquer à terre fréquemment.
Après la défaite, la débacle et l'armistice, Yves est revenu ensuite à Lorient.
Le 21 juin 1940, en vertu des conditions dictées par les allemands, il est fait prisonnier ,détenu à Landerneau, à l’école Sainte-Anne, jouxtant la maison familiale.
Le 11 septembre 1940, c'est le départ le en train pour l' Allemagne. Après un périple de 5 jours, le Jeudi 16 septembre 1940, il arrive à Nuremberg.
Le jeudi 26 septembre 1940 il écrit à sa famille:
. « Voici ma 1er lettre depuis notre arrivée au camp. Voici 15 jours que nous avons quitté la Bretagne, nous sommes en Allemagne Dans un camp à proximité d une forêt de sapins. Oflag XIII A, Bar Bloc 1."
Photo du camp miltairequi deviendra l'Offlag XIII en 1940 ou sera détenu Yves Le Bihan
Libération anticipée
Les prisonniers de guerre français sont nombreux et ils ne seront libérés qu’au compte goutte.
Durant toute la guerre ils serviront de monnaie d’échange au Reich Allemand pour obtenir des autorités de Vichy qu’elles se montrent plus compréhensive vis-à-vis de leurs demandes.
Le fait d’avoir des charges de famille sera un élément déterminant pour être prioritaire dans l’ordre de libération.
Yves le Bihan, bénéficie d’une libération anticipée.
Samedi 5 avril 1941 libéré : motif père de 4 enfants.