La dernière impératrice
L'exil de Napoléon III
En 1871 après la défaite et la chute du second Empire, l’Empereur Napoléon III après avoir été prisonnier des Prussiens, s’exile en Angleterre à Chislehurst dans le sud-est de Londres. Il meurt peu de temps après en 1873 des suites d’une opération chirurgicale.
En 1879, le fils de Napoléon III, le prince impérial Louis, meurt à son tour en Afrique du Sud en combattant les zoulous sous l’uniforme Anglais.
Inconsolable, sa mère, l’ex impératrice des français Eugénie, fait édifier en 1881 une abbaye et un monastère, Saint Michel de Farnborough, pour abriter le mausolée ou, aujourd’hui encore, allaient reposer les dépouilles de Napoléon III, de leur fils et plus tard la sienne.
Des bénédictins veillent la tombe de l'empereur
En 1895, elle décide de confier cette abbaye aux moines bénédictins de l ’Abbaye de Solesmes à côté du Mans dans la Sarthe. Les moines vivent alors des temps difficile en une période ou l’anticléricalisme fait rage en France. lls sont une quinzaine à venir . « Le cléricalisme voilà l’ennemi » avait proclamé Gambetta.

Dom Joseph Baucher dans les années 1900

L'Impératrice Eugénie de Montijo pendant le 2nd Empire
Parmi eux, Jean-Marie Baucher, devenu Dom Joseph Baucher, mon arrière grand oncle, est moine depuis 1888. En 1895, il quitte donc la France pour s’installer en Angleterre comme le leur propose l’ancienne Impératrice des Français, Eugénie.
Le grand-père de Dom Baucher, Joseph Hellec, encore vivant, avait été un fidèle du second Empire, il avait été nommé maire de St Caradec -Trégomel à une époque ou les maires n’étaient pas élu mais désignés par le pouvoir en place parmi ses soutiens. Il n’est donc pas exclu que cet appel de l’ancienne Impératrice ait été considéré avec fierté chez une famille qui avait soutenu le second Empire.
La communauté de moines veillent la dépouille de Napoléon III, auprès de l’ancienne Impératrice des Français et d’une cour de nostalgiques du second empire qui l’entourent.
Dom Baucher prend progressivement une place de plus en plus importante au sein de cette communauté. En 1915 à l’occasion de l’anniversaire de la mort du Prince Impérial devant l’ex impératrice il est l’officiant de la messe de commémoration.

Maintenant, reposez en paix, Votre Majesté
L'impératrice, âgée de 94 ans, satisfaite d'avoir vu réparé l'affront de 1870, expire alors, le 11 juillet 1920 à Madrid lors d'un voyage dans son pays natal.
Lorsque le 19 juillet 1920, ont lieu les funérailles de la dernière Impératrice des français il officie devant les rois d’Angleterre Georges V, le roi d’Espagne Alphonse XIII, la famille royale d’Angleterre et les héritiers des grands noms du premier et du second empire dont ce fut la dernière grande manifestation.
La République Française est représentée symboliquement par un attaché d'ambassade en poste à Madrid, et un drapeau français est placé sur le cercueil. Dom Baucher, l'abbé de Saint Michel l'enlève alors pour le remplacer par le drapeau anglais, et déclare : «Maintenant, reposez en paix, Votre Majesté ».
Après cette ultime cérémonie les nostalgiques de l’empire se dispersent alors progressivement.
Les biens de l'Impératrice seront dispersés dans diverses ventes par des héritiers en manque d'argent. Une partie reviendra en France grâce à l’intervention de l'antiquaire Elie Fabius, grand père de Laurent Fabius futur premier ministre en 1984.
Dom Baucher meurt en 1929 à l’âge de 62 ans.
L'ultime contribution de l'Impératrice à sa patrie d'adoption
Alors que sa fin est proche, que la guerre de 14-18 s'est achevée, Eugénie va rendre un ultime service à son pays qui l'a pourtant exilée.
Lors des négociations du traité de Versailles sur le lieu même là ou les allemands avait, en 1870, décidé l'annexion de l'Alsace et la Lorraine, les Américains ne souhaitaient pas que la France récupère de façon inconditionnelle ces territoires perdus. Pour eux, c'étaient des territoires allemands. Ils y voyaient la source d'un nouveau conflit potentiel en Europe.
L’ex-impératrice transmit alors à Clémenceau, qui négociait au nom de la France, une lettre, restée confidentielle, adressée par le roi de Prusse le 26 octobre 1870 à Napoléon III. Elle précisait que « l’Allemagne avait un territoire assez grand », et que l’annexion par l’Allemagne de l’Alsace et de la Moselle n’avait d’autre but que d’éloigner les armées françaises en cas d’attaque contre l’Allemagne. Cette lettre eut un poids décisif pour que le retour définitif de l'Alsace et la Lorraine à la France.

Photographie de l'impératrice Eugénie dans ses dernières années

