Condamné à mort et fusillé
Un parcours chaotique
Marcel Bidault, est un lointain cousin de côté de mon arrière-grand-père Fauve, les deux familles ne se connaissaient sans doute pas.
Le destin, de Marcel illustre la brutalité de la justice militaire vis-à-vis de ceux qui , à ses yeux, manquent de courage face à l’ennemi.
Marcel n’est pas ce qu’on appelle un enfant de cœur. A 15 ans il se fait arrêter deux fois pour vol. Si la première fois il s’en sort bien, la 2°, 3 mois plus tard, il est envoyé en maison de correction ou il reste enfermé pendant 5 ans jusqu’à l’âge de 20 ans. Quand il en sort c’est un petit homme d’1 m 61, tatoué aux deux bras, réformé du service militaire car jugé de constitution trop faible.
Cela ne l’empêche pas d’effectuer plusieurs bref séjours en prison, à chaque fois pour coups avec violence.
Dans l'armée contre son gré
En 1914, on mobilise les réformés, un mois à peine après le début du conflit. Marcel est alors en prison pour vol. Quand il est libéré il se retrouve immédiatement sur le front.
Son parcours ne plaide pas en sa faveur. Tous les autres réformés que nous avons croisé se sont tous retrouvés mobilisés dans des unités non combattante à l'arrière du front. On lui fait vraisemblablement payer son passé en l'affectant, comme soldat de 2° classe, dans les tranchée au 46° régiment d’infanterie. Cette unité est présente sur des fronts particulièrement violents dont celui des Eparges que nous avons déjà vu dans les pages précédentes. A la fin de la guerre ce régiment déplorera 3 684 tués ou disparus, dont 76 officiers.
En 1916 à trois reprises il est considéré comme déserteur pour ne pas être revenu au terme de permissions. A l’occasion de l’une d’entre elle, il sera arrêté, incarcéré et renvoyé au front un mois plus tard.
2 jours de procès et une condamnation à mort
Ce 12 janvier 1917, il va commettre l’irréparable. Alors qu’il est de garde il fuit et quitte son poste pour se mettre à l’abris de bombardements particulièrement violents. Puis, il refuse de marcher vers l’ennemi alors que l'on déclenche l'une des ces ruées meurtrières sur les lignes ennemies.
Désertion, abandon de poste et refus d’obéissance, aux yeux de l’armée, il a été trop loin. Le 14 janvier, 2 jours après les faits il est arrêté.
A nouveau 2 jours plus tard, le 16 janvier, il est jugé par un tribunal militaire, et il est condamné à mort à l’unanimité du jury. le dossier tient en 4 pages, il ne rapporte rien de son comportement antérieur sur le front.
Son recours en révision rejeté le 3 février. Le dossier est cette fois ci plus conséquent, 104 pages. Son passé de jeune délinquant et violent y est détaillé, il n’a pas plaidé en sa faveur,.
Il est fusillé à Lhéry dans la Marne le 5 février, 25 jours après les faits qui lui sont reprochés.
Sa famille sera avertie des conditions de sa mort. Les frais de justice, 12,60 F seront réclamés à ses parents.