Dernières offensives allemande de 1918
Volontaire à 17 ans contre l’Allemagne
En 1916, la veille même du jour de son 17° anniversaire, Edouard Trotereau , comme la loi l’y autorise, s’engage dans l’armée devançant le service militaire qu’il n’aurait du faire qu’en 1919, 3 ans plus tard. C’est par pur patriotisme qu’il agit et décide d’aller combattre sur le front.
Sa mère, Louise Jégourel, est la cousine germaine de Pierre Rivalan arrière grand père de mon grand père Maurice Le Bihan. Il est aussi parent, un peu plus éloigné de Marcelle Baucher mon autre grand-mère sa femme, dont la grand-mère Marie-Anne Jegourel était une cousine également.
Il attendra 1 an ne montera sur le front qu’en 1917 en mars à 18 ans révolu. Le 23 aout 1917, il est touché au dessus du sein par un éclat d’obus lors d’un pilonnage de l’armée allemande. C’est une blessure légère qui n’entraîne aucune évacuation et il reste sur le front.
Offensive allemande
A partir de 1918, les allemands, qui ont ramenés sur le front ouest les troupes de l’Est ou le conflit a cessé grâce à la révolution russe d’octobre 1917. Entre le 15 et le 19 juillet 1918, alors que la guerre entre dans de grands mouvements qui aboutiront à sa fin, les Allemands tentent une percée sur Epernay.
Ils se heurtent alors au 11° régiments de Dragons qui empêche ce qui aurait pu être une percée aux lourdes conséquences.
Au cours de cette attaque les allemands attaquent avec des gaz de combats, le fameux gaz moutarde (surnommé ainsi à cause de son odeur).
« La compagnie du 32° est en place le 16 juillet à 4 h. 30, elle occupe, devant Tincourt et Venteuil, une croupe qu'elle a pour mission de tenir à tout prix. Elle est en liaison, à droite, avec une compagnie du 27° dragons et à gauche, avec le groupe cycliste qui s'épaule à la Marne. Elle est renforcée des quelques postes du 43°R.I., régiment très éprouvé par les combats de la veille.
A 6h. 30, l'ennemi commence ses attaques. Il s'acharne sur nos positions, faisant usage, pour sa préparation, d'obus toxiques, d'obus de 105 et d'un nombre incalculable de mitrailleuses et de minenwerfers. Il par vient, en progressant sur ses cadavres, à gagner quelque terrain sur la droite, de sorte que la compagnie Collin, qui n'a pas fléchi, occupe un véritable saillant. Ce saillant est héroïquement défendu, en dépit de la rage croissante dont fait preuve le boche pour s'en emparer. Les canons de nos fusils sont, en certains points, à 10 mètres des mitrailleurs ennemis qui ont avancé en rampant à l'abri des ceps de vigne. Le lieutenant de Castellane a été blessé et la compagnie a déjà perdu plus du quart de son effectif.
Par les deux rives de la Marne, les « feldgrauen » en masses, tentent un mouvement débordant. Nos automitrailleuses enrayent leur avance, tandis que nos mitrailleur s prennent à partie une pièce de 77 qui accompagne l'infanterie et la force, au galop de ses six chevaux à rebrousser chemin.
Cependant, un malentendu regrettable a privé, dès 16 heures, le lieutenant Collin de toute liaison avec sa droite. Sa compagnie, presque isolée, forme un bastion avancé. Mais la consigne est de tenir, il ne vient à l'idée de personne d'abandonner une position si âprement défendue depuis 12 heures.
Parmi ces hommes , dont le moral est mis à mal, Edouard Trotereau, qui a 19 ans, se distingue en les encourageant à résister et tenir
Les obus pleuvent de toutes parts. Par le Bois du Roi, l'ennemi s'est infiltré et a gagné nos derrières. Il est 20 heures, nos pertes s'accroissent. Pendant 16 heures, le 32° dragons attaqué de front et de flanc a résisté à des forces trois fois supérieures. Comme un roc, il tient seul devant la ligne qui s'est reformée derrière lui. Il reçoit, au crépuscule, l'ordre de s'établir en arrière de Tincourt. Le décrochage a lieu dans la pénombre. Il était temps ; un quart d'heure plus tard, la vaillante compagnie était cernée. Pour certains éléments, le repli se fait d'ailleurs dans les conditions les plus difficiles. Entre autres, un groupe de trois fusiliers mitrailleurs de la section Malartic est, au moment où se dégage leur unité, à quelques mètres des tirailleurs ennemis. L'agent de liaison qui cherche à les atteindre est tué en accomplissant sa mission. Ces braves cavaliers, qui n'ont pas reçu l'ordre de repli, n'ont pas un instant songé à quitter leur poste. Ils tirent jusqu'à la nuit et s'apercevant, vers 22 heures, qu'ils sont en pleines lignes ennemies, ils se frayent un passage dans l'obscurité et parviennent à rejoindre la compagnie, qui les avait portés disparus.
Une mitrailleuse qui, dès avant le repli du 32° dragons, avait pu se glisser en arrière et à droite de ses lignes, ouvre, pendant le mouvement, le feu à peu de distance sur la compagnie. Le lieutenant Collin est grièvement blessé et, à l'officier allemand qui l'interpelle en français et lui crie «Rendez vous, vous êtes foutu », le sous-lieutenant de Malartic répond le mot de Cambronne. Il établit en même temps sa ligne face à ce nouvel ennemi auquel les feux nourris de nos cavaliers montrent la ferme intention de ne plus céder de terrain.
Peu de temps après cet incident, une compagnie de tirailleurs venait relever ce qui restait de notre détachement. Le but avait été atteint. Le boche qui le 15 avait progressé de 10 kilomètres, n'avait pu gagner le 16 que quelques centaines de mètres. Les pentes de Venteuil étaient solidement tenues, l'avance ennemie sur Epernay définitivement enrayée.
Cette conduite vaudra au régiment d'être, après la Guerre, cité à l'ordre de l'armée
Extrait de l'Ordre du G. Q. G. no 16846 « D » du 28 avril 1919.
Le Maréchal de France, Commandant en Chef les Armées Françaises de l'Est, cite à l'Ordre de l'Armée :
LE 32° RÉGIMENT DE DRAGONS
" Régiment animé d'une ardeur offensive et d'un esprit. de sacrifice dont il a donné les premières preuves dès le début de la guerre, particulièrement en réoccupant Péronne le 15 septembre et en attaquant Furnes le 18 octobre. Dans la campagne de 1918, jeté brusquement en pleine bataille, à la fin de mars, a largement contribué par sa vigoureuse résistance à retarder, puis à arrêter l'ennemi d'abord en avant de Noyon, puis du 26 au 31 mars, entre Beuvraignes et Rollot. S'est particulièrement t'ait remarquer par sa ténacité au bois de Trottes, à l'est de Vandières où il a tenu tête, les 1° et 2 juin 1918, à trois violentes attaques ennemies, ne perdant pas un pouce de terrain, sur un point spécialement visé par J'ennemi et dont la conservation avait une importance capitale. A renouvelé les preuves de son énergie et de son dévouement, du 15 au 19 juillet, à Tincourt et Venteuil, en prenant une large part à la résistance qui permit d'arrêter l'attaque ennemie sur
Epernay."
Le Maréchal Commandant les Armées de L'Est.
Signé : PÉTAIN