Jean-Marie Dayot
Grand Amiral de la Marine du Vietnam
Nous allons nous intéresser ici à de mes cousin éloigné mais dont la destinée est exceptionnelle: Jean-Marie Dayot.
Une famille enrichie dans le commerce avec l’Inde
Au départ de l’épopée, il y a le grand père, Laurent Dayot, cousin issu de germain de mon ancêtre Mathurine Cornillet. Simple paysan, il est né en 1690 à Saint Alban, dans les côtes d’Armor. Orphelin à 15 ans, avec un niveau d’étude succinct, il sait à peine signer son nom, il va faire fortune dans le commerce. A sa mort en 1740, âgé de 50 ans, il est devenu un riche bourgeois de Rennes où il est qualifié d’armateur.
Les enfants de Laurent Dayot occuperont tous des fonctions importantes.
Le premier, Jean-Marie, sera chirurgien sur les bâtiments de la compagnie des Indes. Il voyagera le long des côtes asiatiques. Un autre fils, Thomas, ira s'installer définitivement à l'Île Maurice et sera un des liquidateurs de la Compagnie des Indes en faillite. Une des filles de ce même Thomas, Julie, épousera un noble, David Charpentier de Cossigny, aristocrate, officier de marine, qui, après avoir combattu aux côté des américains dans leur guerre d'indépendance, sera gouverneur de l’île Bourbon (La Réunion). La Pérouse le célèbre explorateur, assiste même au de David et Julie.
Un de ses petits fils, Laurent, parti installer à l’île Bourbon et mourra, à 26 ans, à Manille aux Philippines. Ses jeunes enfants et leurs descendants s'établiront définitivement à la Réunion. Et l’on trouve de nombreuses traces de ses enfants et petits enfants comme passagers sur les navires de la compagnie des Indes.
Jeunesse de Jean-Marie Dayot
Jean-Marie, un de ses petits-fils est né en 1760 il a grandi à Redon ou son père gère un commerce d'importation et de commercialisation de tabac . Bercé par les récits de son entourage, au service de la Compagnie des indes, il embrasse la carrière de marin.
C’est ainsi qu’en 1784, il a 24 ans on le trouve sur un navire, à l'île Bourbon avec une cargaison d’esclaves, probablement sénégalais. En 1786, on le trouve à Pondichery pour une démarche auprès du général Conway, commandant des forces armées. Il lui demande d'intervenir auprès d’un Maharadjah local qui avait piraté et capturé un navire de commerce.
Mais avant d’aller plus loin, et pour mieux comprendre ce qui va suivre, je vous propose quelques éléments sur l’histoire du Vietnam que nous connaissons généralement fort peu.
Le Vietnam dans les années 1770
En 1771, dans le nord du Vietnam, des révoltes de paysans éclatent. Ils sont outrés par les abus et les exactions de la dynastie régnante, les Lê. Le 18 octobre 1777, le roi Nguyễn Phúc Thuan est renversé et massacré ainsi que toute sa famille. Un groupe de fidèles reste néanmoins fidèle à cette dynastie et se regroupe alors autour de l’unique rescapé des massacres, un enfant nommé Nguyễn Ánh.
Le nord de l’actuel Vietnam, le Tonkin, échappait alors à l’autorité de la dynastie du sud. Le pouvoir de fait était exercé par des potentats locaux. Profitant de cette situation, trois frères, les Tay sô’n, prennent le pouvoir.
Face à eux, au nord, il y a une Chine agressive qui souhaiterait annexer cette région qui, historiquement, fit partie de son Empire.
Dans le Cambodge voisin, une révolution a aussi renversé le roi. Des bandes de armées écument toutes les régions environnantes, tuant et pillant sur leur passage.
La fuite du prince
En 1777, traqué par ses ennemis qui veulent sa mort, le jeune Nguyễn Ánh se réfugie par hasard dans une mission tenue par Pierre Pigneau, un missionnaire français qui avait été nommé par le pape au sud dans le golfe du Mékong avec le titre d’évêque d’Adran.
C’est un passionné pour la culture locale. Il parle le chinois et le vietnamien. Il a rédigé le premier dictionnaire latino-vietnamien. Entre l’évêque missionnaire et le fuyard orphelin de16 ans une véritable affection réciproque va naitre. Le prince fugitif va considérer cet évêque comme un véritable père spirituel.
A partir de 1782, dans le Tonkin, au nord, la situation semble se stabiliser. Les frères Tay sô’n, ont consolidé leur pouvoir, réussi à contenir les ambitions chinoises, et commencent à lorgner vers le sud. Un conflit de vingt ans va opposer à la Cochinchine.
Nguyễn Ánh, ses quelques partisans, et un soutien des portugais de Macao, obtenu par Pierre Pigneau, n’est pas de taille à résister à l’attaque de l’armée Tonkinoise.
Les troupes de Nguyễn Ánh sont défaites, sa petite marine détruite, pendant que la population de Saïgon (actuelle Hô-Chi-Minh-Ville), la capitale du sud, qu’il avait réussi à conquérir récemment, est massacrée. Le prince est obligé de s’enfuir vers le Cambodge en compagnie de Pierre Pigneau.
Un voyage difficile vers Versailles
Le prince est convaincu qu’ils ne pourra l’emporter sans une aide étrangère. S'il sollicite les royaumes environnants (Laos, Cambodge, Birmanie…) ceux-ci pourraient en profiter pour annexer la Cochinchine. Pierre Pigneau et le prince Nguyễn Ánh décident plutôt d’aller chercher une aide lointaine et moins risquée auprès du lointain roi de France. Nous sommes en 1784.
Pierre Pigneau et quelques cochinchinois, entreprennent alors un voyage vers Versailles, accompagné du jeune fils du prince, Nguyễn Phúc Canh. Le voyage sera difficile, ils sont désargentés.
Dès la première étape, en février 1785, à Pondichery en Inde, le gouverneur local les bloque, trouvant le projet dénué d’intérêt, voire contraire aux intérêts de la France. Il refuse de financer la suite du voyage. Le groupe est contraint d’attendre sur place des jours meilleurs.
La chance leur sourit avec un changement de gouverneur et l’arrivée du capitaine Antoine d’Entrecasteaux. Ce brillant officier, intelligent et habile, s’illustrera plus tard comme un grand explorateur. D’Entrecasteaux est vite convaincu par le projet. En juillet 1786 Pierre Pigneau peut enfin reprendre son périple et atteint Versailles en février 1787.
A la cour le jeune prince Prince Nguyễn Phúc Canh fait sensation. Le célèbre coiffeur de la reine Marie-Antoinette, Léonard, ira jusqu’à créer une coupe de cheveux en l’honneur "du prince de Cochinchine».
D’un autre côté la modestie des origines de Pierre Pigneau détonne dans cet univers d’aristocrates, fiers de leur origine. Le fils d’un simple petit entrepreneur de province se fera dorénavant appeler Pierre Pigneau de Behaine, du nom du village de résidence de ses parents.
Louis XVI le reçoit en mai 1787.
Le double jeu de Louis XVI
Il leur promet de leur venir en aide avec des renforts en armes et en munition, en contrepartie d’e la possibilité pour la France de créer des comptoirs commerciaux.
Mais, Louis XVI reste hésitant, ses finances sont au plus bas. Il veut à tout pris éviter une aventure qui pourrait le mettre en conflit avec une autre puissance européenne ou sans retombée financière positive.
Mgr Pigneau de Behaine, tableau de Maupérin
Page maniscrite du dictionnaire latino vietnamien par Pierre Pigneau de Behaine
Nguyễn Phúc Cảnh, à la cour de Versailles en 1787 - tableau de Maupérin
Dissimulant ses doutes, il confie la direction et l’évaluation de l’opération à un irlandais passé au service de la France, Thomas Conway, qui fut général des armées à Pondichery. Celui -ci vient d'être nommé Gouverneur de cette ville ou il retourne le 2 décembre 1787 en compagnie de Pierre Pigneau de Behaine et du jeune prince Nguyễn Phúc Canh.
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En fait, Thomas Conway est défavorable au projet. Pour argumenter sa position, il décide d’envoyer 2 navires de guerre basés à Brest pour examiner les territoires qui seraient concédés à la France en échange de son soutien. Ces deux vaisseaux sont le Pandour, un navire de 14 canons, et la Dryade, 38 canons.
A Brest , nous retrouvons Jean-Marie Dayot, que nous avions laissé à Pondichery, qui embarque sur le Pandour.
Jean-Marie et Félix Dayot
Désertion en masse pour partir à l'aventure
De Brest, les deux navires avec Thomas Conway et Pierre Pigneau rallient Pondichery avec une cargaison de 1000 fusils destinées aux armées de Nguyễn Ánh.
Mais, sans attendre le retour de la Dryade et du Pandour, parti vers les côtes du Vietnam, Thomas Conway décide d’abandonner le projet et rédige un rapport en ce sens à destination de Louis XVI en mars 1789.
Pierre Pigneau de Behaine ne renonce pas. Il déclare «Puisque c’est ainsi j’irai faire seul la révolution en Cochinchine ».
Il entreprend de réunir des fonds privés auprès de tous les armateurs et marchands de sa connaissance qui sont convaincus par un tel projet. Ils y voit une opportunité pour eux de reconstituer un nouvel empire colonial après la désastreuse guerre de 7 ans. La force de persuasion de l'évêque est telle qu'il parvient même à convaincre le réticent gouverneur Conway de lui céder 2 navires de guerre payés avec les fonds recueillis.
Début juin 1789, le Pandour et la Dryade, reviennent, convaicus de l'intéret de monter une opération pour soutenir Nguyễn Ánh. Ce n'est pas l'avis du gouverneur qui refusent de monter une telle expédition. Cette décision provoque la révolte de nombreux marins et ce ne sont pas moins de 14 officiers et plus de 100 marins qui désertent pour embarquer sur les 2 navires qui doivent partir vers le Viet Nam. Jean-Marie Dayot est un de ces 14 officiers.
Au final ce sont 350 marins, et 20 officiers de Marine qui se sont ralliés au projet de Pierre Pigneau de Behaine.
Le 19 juin 1789, « ivres d’un rêve héroïque et brutal », ils appareillent pour l’aventure au Vietnam.
Pendant ce temps, en France on prend la Bastille, rapidement plus personne n’allait s’intéresser à eux.
La petite armée qui touche le Viet Nam le 24 juillet 1789, n’ a que faire de la révolution qui nait.
Réorganisation militaire de l’armée de Cochinchine
Depuis le départ de l'évêque, 5 ans plus tôt, le roi Nguyễn Ánh n’était pas resté inactif. Il est parvenu à reconquérir Saïgon, mais sa position demeure précaire à la merci d’un revers.
Ses nouveaux compagnons d’armes conduit par son ami Pigneau de Behaine prennent alors rapidement les choses en main et apportent leur savoir faire.
Jean-Marie Dayot va jouer un rôle essentiel. Dans un premier temps s’occupe des approvisionnements. Il prend le commandement de deux navires qui se rendent Manille et Macao pour acheter des armes et des munitions. Ensuite il s’occupe des aspects militaires, il forme une marine.
Empereur Gia Long
Il avait fait venir auprès de lui son frère Félix. François Pigneau de Behaine évoque le jeune homme en ces termes: « ce jeune homme a des talents, paraît avoir de la conduite, aime le travail et a le caractère doux et honnête. »
Sous la direction de Jean-Marie Dayot, l'attaque contre le Tonkin se prépare. Les vietnamiens développent des arsenaux ou ils constituent une petite marine de guerre.
Ils transforment deux navires qu’ils démontent et reconstruisent « à l’européenne ».
Parmi les détails que l'on peut citer, il introduisent le compartimentage des cales qui permet, en cas d'entrée d'eau, de préserver la flotabilité du bâtiment en isolant le compartiment inondé. En fac, la moindre brèche dans la coque d'une jonque la faisait sombrer.
Sur le plan terrestre, un ingénieur français, Olivier de Puymaurel, fortifie des villes selon les principes de l’architecture militaire française de Vauban.
Ils forment les cadres de l’armée. Celle-ci se transforme rapidement en adoptant une discipline stricte et des techniques de combat en vigueur en Europe allant jusqu’à l’apprentissage de la charge à la baïonnette. Ils introduisent également des techniques nouvelles telles que les bombes et les grenades.
L'économie n'est pas oubliée et les vietnamiens se lancent dans la culture de la canne à sucre permettant un véritable développement économique du pays.
Le grand amiral de la flotte Annamite
Jean-Marie va alors pouvoir révéler ses talents de stratège militaire.
En 1792 avec ses 2 vaisseaux, et une flottille de petits bâtiments de moindre importance, la flotte de Jean-Marie affronte la flotte affronte la flotte ennemie. Il coule 5 vaisseaux ennemis 90 galères sans compter une centaine de petits vaisseaux. Il s’assure alors d’une incontestable suprématie maritime. Avec l’action conjointe de la marine et de l’armée de nombreux forts furent détruits.
Un an plus tard il capture 60 galères ennemies lors d’une autre bataille navale.
Jean-Marie reçoit alors le titre de Marquis de Tri Lüoc Grand Amiral de la Flotte Annamite, commandant des bâtiments français de l'Anam, délégué impérial (Mandarin).
Il a les mêmes données sont nom à un port : Port Dayot (Hon Ong aujourd’hui)
Jean-Marie Dayot
Supplice de la cangue
Chute de Jean-Marie Dayot
Le succès de ces étrangers qui remettait en cause leurs prérogatives ancestrales soulève l’hostilité des élites traditionnelles, les mandarins.
En 1795 un des navires de guerre échoue. Profitant de l’absence du Roi, les mandarins accusent Jean-Marie Dayot d’en être responsable alors même qu’il n’était pas à bord.
Il est condamné à la cangue (un cadre en bois et le fer fixé autour du cou pesant au minimum 4 kg). Cela ne dure pas longtemps car 4 jours plus tard, Pierre Pigneau et le Roi reviennent et le font libèrer immédiatement. Les 4 comploteurs sont exécutés.
30 ans plus tôt Pierre Pigneau avait subit le même type de châtiment, cela avait duré 4 mois.
Malgré l’exécution des responsables de ses malheurs, Jean-Marie ne pardonne rien. Dégoûté aigri et humilié il quitte alors le Vietnam, au grand regret du Roi. Il part pour Macao avant de s’installer à Manille aux Philippines ou il se lance dans des activités commerciales.
Ce départ est décrit ainsi par un prêtre missionnaires français qui écrit à un confrère à Macao :
« Vous allez voir arriver à Macao, M. Olivier avec M. Dayot, qui doit s'enfuir de son vaisseau quand il sera rendu au port Saint- Jacques. Cette fuite coûtera probablement bien cher au service du roi. »
Proclamation de l’Empire du Vietnam
Pendant ce même temps les troupes terrestres commandées par un autre Français volent de succès en succès. La guerre dure car l'équilibre des forces est à l’avantage des forces tonkinoises du nord. La Cochinchine du sud finit par remporter une victoire complète qui permet une unification du nord et du sud. En 1802, le prince N’Guyen devient empereur sous le nom de Gia Long, et décide d’appeler son pays du nom de Vietnam.
Pierre Pigneau de Behaine, est mort de dysenterie 3 ans plus tôt, en 1799. Il disparut avec le regret de ne jamais avoir pu implanter durablement le catholicisme. Tous ses efforts pour y convertir les enfants du roi échoueront.
Commerce et hydrographie
Les deux frères Dayot, eux sont restés Manille aux Philippines.
Félix s’intéresse au commerce entre les Philippines et Acapulco, au Mexique où les Espagnols avaient concentré leur activité avec les Indes Orientales.
Jean-Marie lui, est plus intéressé par le commerce entre le Viet Nam et les Philipinnes, en particulier celui du riz.
D'ailleurs, l’Empereur Gia-long regrettait encore son départ. A de nombreuses reprises il fera part de son désir de le voir revenir.
Jean-Marie et Félix reviendront faire de courts séjours à la cour.
C'était sans compter sur les influents mandarins qui continuaient à intriguer contre les deux frères.
Ils firent naitre, dans l’esprit de l’Empereur, le soupçon que Jean-Marie était un agent au service de l’Angleterre. La confiance en fut mutuellement altérée malgré des rapports apparemment cordiaux. Jean-Marie ne pouvait reprendre le rôle tenu lorsqu’il était au faîte de sa gloire.
Cependant, en suivant l’armée pour la ravitailler le long des côtes vietnamiennes, les frères Dayot allaient réaliser un travail qui allait passer à la postérité : le relevé hydrographique des côtes et des ports.
Les frères Dayot qualifieront cette réalisation de « fruit d’un travail assez rude de six années ».
Il sera salué plus tard en France par un membre de l’académie des sciences en 1818 : « ...On sait aussi que plusieurs autres individus de notre nation ont également occupé des charges importantes à la cour des rois de Siam et de Cochinchine et c'est même à l'un de ces derniers, feu
Plan de Saïgon réalisé en 1795 sous le contrôle de Jean-Marie Dayot. Il est à noter qu'il est fait "au nom du roi alors qu'en France ce dernier a été guillotiné et que la République a été proclamée.
M. Dayot, qu'on doit le magnifique atlas de la Cochinchine gravé par ordre du roi en 1818et qui est sans contredit un des plus beaux monuments qu'on ait élevés à la science géographique dans des pays si éloignés de l'Europe... Le littoral de la Cochinchine est aussi bien et peut-être mieux connu que certaines côtes de l'Europe, depuis la publication du magnifique travail de M. Dayot. »
Jean-Marie s’est marié à Manille et il a eu une fille qui ira vivre à la Réunion et plus tard aura une postérité.
Mort de Jean Marie
Malheureusement en 1809 Jean-Marie allait périr dans un naufrage dont voici le récit qui nous permet d’imaginer un peu l’intransigeance de son caractère.
« Il y a à peu près un an et demi que M. Dayot fit naufrage et se noya tout prés d’ici avec sa femme et une vingtaine d'autres personnes. Ce fut bien sa faute, car il était tout près d'un petit port, lorsque la première tempête d'automne le surprit en mer. Cette tempête était affreuse. Ses gens voulaient gagner le port ; mais, lui, insensé qu’il fut, que fit il ? Il menaça le sabre en main de trancher la tête à celui qui tenait le gouvernail, s’il faisait tant que diriger le bateau vers le port. Bientôt il fut submergé. Sept personne environ d'entre l’équipage purent se sauver à la nage. Qu’il est à craindre qu’il ne soit mort comme il a vécu en impie! » (lettre du 28 avril 1811
Le départ ou l'étranglement
Félix, le frère de Jean-Marie, poursuivra ses travaux hydrographiques et mourra à Macao en 1821. Ses cartes allaient devenir la référence pour les cartes dans tous les atlas du siècle à venir. Plus tard un bâtiment de la marine nationale portera même son nom.
Les autres protagonistes de cette aventure vietnamienne reçurent de nombreux honneurs et titres de l’empereur Gia Long qui règne jusqu’à sa mort en 1820.
Le nouvel Empereur est un jeune fils de l’ancien Empereur.
Celui qui avait été à Versailles étant mort depuis longtemps, et ses fils, rivaux potentiels pour le trone, exécutés sur ordre du nouveau empereur. Ce monarque est ouvertement anti chrétien. Il s'oppose à la présence européenne dans son Empire.
Il va donc les pousser à partir. Peu importe siceux si y ont fait leur vie, se sont mariés avec des vietnamiennes et n’envisagent nullement de revenir en France.
Un beau jour, le successeur de Jean-Marie Dayot à la tête de la Marine, Jean-Baptiste Chaigneau, reçoit un curieux présent : une miniature de bateau et un lacet de soie. La signification de ce présent: le départ ou la mort par strangulation. Il préféra alors revenir dans sa ville natale à Lorient, avec femmes et enfants, ou il finira sa vie.
En France, qu'ils avaient quitté avant la révolution, tout le monde les avait oublié depuis longtemps, …. Ceux qui avaient été impliqués dans cette aventure étaient morts, emportés par la révolution. On parlait du projet de Pierre Bigneau de Behaine comme d’une légende dont on ne connaissait plus les dates ni la réalité exacte.
Et depuis
Les français reviendront militairement au Viet Nam à partir de 1857, pour y défendre la communauté chrétienne en proie à des persécutions. Cela se traduira par la conquête militaire du pays et son intégration à l'empire colonial français.
La dynastie de l’empereur Gia Long restera en place jusqu’en 1945, même si après la conquête française du Viet Nam le titre d’Empereur ne sera plus qu’honorifique.
C’est lors d’une visite à Port Dayot que le futur commandant Cousteau, émerveillé par la beauté de ses fonds marins, allait voir naître sa vocation pour la plongée sous marine. Voici ce qu’il écrit :
« En 1933, j'assiste émerveillé, à la plongée d'un pêcheur local, qui guidait notre embarcation. A midi, par calme plat et chaleur étouffante, le Vietnamien, entièrement nu, sans lunettes ni accessoire d'aucune sorte, se glisse dans l'eau sans provoquer le moindre remous. Il remonte une minute plus tard tenant un beau poisson frétillant dans chaque main : "A cette heure-ci, ils font la sieste..." explique-t-il avec un malicieux sourire.
… Il y a donc là, sous la quille de nos bateaux, un univers quasiment inconnu mais accessible, grouillant de vie, une jungle sauvage qui n'est séparée de notre monde civilisé que par la surface de la mer, cette frontière capricieuse qui la dérobe à nos regards et qui l'a enveloppée de mystères ou de légendes jusqu'à nos jours. »
La tombe de l'évêque
Quand à la tombe de Pierre Pigneau de Behaine, elle fut détruite par le gouvernement vietnamien en 1983 lors de la construction d’un parc. Ses restes ont été incinérés et envoyés en France. L'urne contenant ses cendres est conservée dans le bâtiment des missions religieuses étrangères à Paris .
En France on écrit aujourd’hui que celle-ci a contribué, par son aide, à l’unification du Viet Nam. Au Vietnam dans les livres, la nuance est explicite, ce sont bien des français et non pas la France qui ont contribué à son unification.