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Un curé dans la lutte sociale
Un prêtre social

Armand Vallée, est le neveu du rédacteur de la première grammaire bretonne, François Vallée.

En octobre 1927, il rentre au Grand Séminaire. Sa sensibilité sociale se manifeste dès le premier jour. En effet, Armand est très choqué par le système des « classes » qu’on appliquait au réfectoire en fonction des capacités financières des familles. En conséquence, pendant les repas, les aspirants au sacerdoce n’étaient pas tous logés à la même enseigne. Apprenant cela, le tout nouveau séminariste quitte l’établissement séance tenante et soumet ce cas d’inégalité scandaleuse à son père, qui s’en va arranger l’affaire auprès du supérieur du séminaire, et l’égalité de traitement entre riches et pauvres fut instaurée au séminaire. Ce fut là une de ses premières victoires sociales.

Son cursus au séminaire se poursuit brillamment. Et c’est avec une dérogation de Rome qu’il est ordonné prêtre le 4 octobre 1931, à 22 ans au lieu des 24 normalement requis. Il poursuit ses études à Paris jusqu’en 1933. Il réside chez les Sœurs de la Croix, rue de Vaugirard. 

Un soir qu’il rentrait tard et fatigué chez les sœurs de la rue de Vaugirard, parce qu’il s’était attardé à débrouiller « les histoires d’un pauvre type qui n’avait pas eu de chance ». A l ’une des religieuses qui lui fait observer qu’il avait tort de « se tuer » pour des gens qui ne sont même pas de sa famille, il rétorque « Qu’avez-vous dit là, ma Sœur ? Des gens qui ne sont pas de ma famille ? Sachez, ma Sœur, que ceux qui souffrent sont tous mes frères, mes vrais frères, et que je me dois à eux, dussé-je me tuer pour leur être utile et les tirer d’embarras. »

Il achève ses études docteur en droit civil, en droit canon et diplômé en sciences sociales. Au passage il aura suivi des cours à la Sorbonne, et dépouillé les archives des diocèses de Versailles et de Lille.

De retour à Saint-Brieuc, le 29 août 1933, il est nommé secrétaire des Œuvres.

Le 10 novembre de la même année, il crée le Secrétariat Social, abrité dans une mansarde. A se côté on note, entre autres, le trésorier Victor Rault , futur maire de la ville. Plus tard, le Secrétariat Social se procurera un local rue des Forges qui est depuis devenue rue abbé Vallée).

Confédération de l’Artisanat Familial de France

Entre 1933 et 1939, le Secrétariat Social  est le gisement d’initiatives sociales d’importance. La plus célèbre, l’Union des Artisans des Côtes-du-Nord (1934), muni d’un journal et d’un service juridique. Cette dynamique, ne tarda pas à déborder les limites des Côtes-du-Nord. Une Union des artisans d’Ille-et-Vilaine fut établie sur le même type…Celle du Finistère…en 1935…. Puis en octobre (1936) fut constituée la Fédération des artisans de l’Ouest (FAO), dont le centre de gravité resta à Saint-Brieuc. …..Les contacts pris par l’abbé Vallée, un peu partout dans le pays, aboutirent…à la création en janvier 1937 de la Confédération de l’Artisanat Familial de France (CAF). Le programme de 1934 était en train de se concrétiser, l’adjectif « familial » étant alors pratiquement un substitut  de « catholique ». Il faut dire qu’à ses débuts, l’abbé Vallée voulait une organisation purement professionnelle qui ne fasse pas trop « curé ». Mais il s’appuyait, pour le recrutement, sur le réseau paroissial, et sa visée sociale allait dans le sens de la construction d’une société sur des principes chrétiens.

Cette CAF réclame  un régime fiscal plus favorable aux artisans, ainsi que le bénéfice d’ assurances sociales et d’allocations aux salariés.

Mais l’action du secrétariat social ne va pas se limiter aux artisans. En direction des ouvriers, des sections du syndicalisme chrétien  (CFTC) sont créées, et un « cercle d’Etudes Ouvrier » se tient chaque mois à la Maison des  Œuvres.

On l'appelle l'Abbé rouge

Une collaboration s’instaure avec un autre prêtre, le Père Lebret, en direction des marins. Les initiatives sont si nombreuses «  qu’en deux ans, des positions solides avaient été conquises sur quatre fronts : ouvrier, paysan, maritime et artisanal ». va créer un certain émoi dans la bonne bourgeoisie locale lorsque, à la suite d’un look-out des ouvrières du textile il soutint leurs gréves et fonda une coopérative de travailleuses fabriquant de la lingerie féminine. Cette initiative hardie déjà citée, donna naissance à une campagne malveillante qui eut ses échos jusque dans la petite presse de Paris, et créa sur le plan local une véritable légende – fort complaisamment répandue – de l’ « abbé rouge. » L’Evêché fut même sollicité de limoger le syndicaliste en soutane. Ce à quoi il répondit par une fin de non-recevoir catégorique. Quant à l’abbé, il refusa de porter plainte contre un patron qui l’avait injurié sur la voie publique et menacé de violences.

L’autre engagement célèbre de l’abbé Vallée sur Saint-Brieuc fut sa collaboration avec Louis Guilloux, pour l’accueil des réfugiés espagnols dans le cadre du Secours Rouge. Mais la guerre 1939 éclate et va profondément modifier son destin

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