La grande question que se pose les parents d'un enfant à naître après le sexe c'est celle du prénom.
Si le sexe relève du hasard, le prénom est choisi. Un enfant hérite de son nom de famille et porte avec son prénom, le choix de ses parents. Et derrière ce choix, il y a une culture sur laquelle je vous invite à vous pencher grâce à la généalogie.
De Thierry à Gabriel, d’Isabelle à Jade
Tout le monde le sait aujourd'hui, les prénoms suivent des modes. Thierry et Isabelle sont nés dans les années 1960. Jade ou Gabriel sont surement nés autour de 2021.
Le palmarès des prénoms de l'année fait, d'ailleurs régulièrement la une de l'actualité.
Le généalogiste a souvent l'impression que nos ancêtres s’appelaient tous Marie Jeanne Jean ou Pierre. Il est vrai que ces différents prénoms dominent parmi ceux portés par nos ancêtres. Il y a bien sûr des différences locales ou régionales, mais la règle qui veut qu'un faible nombre de prénoms s'impose reste vraie.
L'apparition des prénoms multiples
Le passage d'une tradition vers un nouvel usage avec des modes des prénoms s'est fait progressivement à partir d'un mouvement qui remonte au début du dix-huitième siècle.
Dans un premier temps, on est passé du prénom simple au prénom composé à partir du prénom des parrains et marraine. On s'est mis à attribuer 2 prénoms et l'on assiste alors à la multiplication des prénoms composés sur Jean et Marie.
Avec le 19e siècle, on attribue 3 voire 4 prénoms dont un seul est utilisé couramment. Cet usage va se traduire par 2 phénomènes.
Lorsqu'un enfant porte le prénom d'u de ses parents, ce n'est plus son prénom d'usage même si ce dernier est le premier dans l'ordre des prénoms portés. Ce changement va rompre la tradition très largement répandue des prénoms identiques que l'on portait de père en fils parfois sur de nombreuses générations.
Le second c'est que cela va faciliter l'apparition et la multiplication de nouveaux prénoms.
Le développement des phénomènes de mode
On a donc une composition des prénoms qui allie à la fois la tradition puisque parmi les prénoms portés il y a ceux des parents des parrains et marraines, et la modernité avec l'introduction de prénoms que nul ne portait auparavant dans la famille.
Certains prénoms reflètent parfois un engagement très clair lorsque l'on observe qu'il se réfère aux idéaux de la Révolution ou de l'Empire. Lorsqu'un enfant porte les prénoms de Pacifique, Napoléon on peut penser que derrière il y a des convictions politiques.
Par exemple des prénoms comme Ferdinand, Victor ou Adolphe sont typiques de ces nouveaux prénoms apparus au début du dix-neuvième siècle.
Le nouveau rôle du prénom
Avec le 20e siècle, on va voir l'affranchissement de toute forme de tradition avec l'attribution de prénoms qui ont parfois une valeur plus revendicative ou culturelle. Cette revendication culturelle peut être fondée sur la réalité, mais pas toujours.
Si l'on prend l'exemple de la Bretagne des prénoms qui semblent traditionnels comme Gaël, Maryvonne, Hervé ou Gwenn sont inexistants avant le 20e siècle. Des prénoms que je rencontre épisodiquement comme Noyale où Gérand ont disparu au 20e siècle. Des prénoms du 16e siècle tel Auffret où Plazio ont complètement disparu depuis le 17e siècle.
Conclusion
je ne suis pas sûr qu'on puisse tirer une conclusion de ces observations. on peut simplement imaginer que le prénom reste un marqueur identitaire, mais que cette identité a changé au fil des siècles. On est passé d'un prénom qui s'inscrivait dans une tradition familiale à un prénom, reflet d'une aspiration. Cette aspiration semble souvent identitaire que ce soir pour s'inscrire dans une culture ou une tradition ou bien refléter un engagement des convictions.
Quelques liens :
Détails sur l'histoire des prénoms sur ce site : https://hervefauve.wixsite.com/abimes-genealogiques/naissance
Statistiques des prénoms en France : http://www.prenomstat.com/
Classement des prénoms par année : https://www.insee.fr/fr/statistiques/3532172