Le succès de la généalogie ne peut-il pas entrainer sa disparition ? Avec les ressources sur internet, il est devenu possible de réaliser une généalogie sans effort, en un temps record…
Il ne s’agit plus de chercher, mais juste de collecter des données sur Internet.
Sur un autre plan, quand j’observe la numérisation générale de notre environnement (photos, mails…), je m’interroge. Que laisserons-nous derrière nous comme trace pérenne ?
Un temps que les moins de 20 ans ne peuvent pas…
Nous sommes nombreux à avoir commencé la généalogie en voyageant, en foulant la terre de nos ancêtres, à respirer le même air qu’eux. Dans les arrières salles des mairies, nous sentions l’odeur de vieux registres dont le bord des pages s’effritait et que nous manipulions précautionneusement.
Les associations généalogiques représentaient l’unique moyen de partager ses recherches. Nous y trouvions des cousins avec qui nous échangions découvertes et renseignements, tels des enfants d’aujourd’hui avec des cartes Pokémon.
J’ai vu avec joie arriver les logiciels de généalogie qui permettent de gérer et de stocker les informations patiemment collectées qui auraient rempli des bibliothèques de fiches…
J’ai vu avec joie arriver Internet qui permettait de faire de la généalogie sans attendre de trouver le temps d’aller aux archives départementales.
Vieux con nostalgique et démodé ?
Mais, en même temps, Internet a tué le contact en face à face. Les mises en ligne dispensent de contacter nos cousins. Les bases de données tuent le besoin de décrypter les actes.
Récemment, je me suis surpris moi-même. J’ai proposé à une collègue, qui regrettait de ne rien savoir de ses origines, de regarder ce que je pouvais faire pour satisfaire sa curiosité.
En 2-3 jour je lui ai constitué un arbre généalogique, à peu près complet, sur 9 générations. Pourtant son ascendance était dispersée sur 15 départements. A la clé, je lui ai trouvé une branche royale assez indiscutable, et quelques anecdotes « croustillantes » sur ses ancêtres.
Pour moi-même un tel travail m’avait demandé 30 ans…
Je disposais pas de base de données du type de celles des grands sites généalogiques dont je suis un abonné en premium.
Mais est-ce vraiment de la généalogie avec ses contacts, ses échanges, ses enquêtes, ses recherches, ses interrogations, son apprentissage, ses enseignements ? J’en doute !
Mais, en pensant « C’était mieux avant » ne serai je pas en train de devenir un vieux con nostalgique ?
Et pour le futur
Nous avons tous entendu parler de l’intelligence artificielle. Elle permet la reconnaissance des visages sur les images. Elle permet, en temps réel, de retranscrire et même traduire en direct ce que dit quelqu’un. Elle commence à lire les écritures manuscrites.
Demain, elle déchiffrera les écritures anciennes et après sera peut-être capable de remplir des arbres généalogiques. Techniquement cela ne semble pas relever de la science-fiction.
Et avec les bases de données qui ne cessent de s’enrichir, lire un registre ne servira plus puisque tout aura été fait.
Les recherches seront inutiles. Tout aura été fait.
D’ailleurs, en 2022, les actes d’état civil sont devenus d’une tristesse affligeante. L’acte de naissance de mon dernier fils, en 2005, ressemble à un simple formulaire avec
Nom :…
Prénom :…
et cetera
Et du fait de la numérisation croissante de tout ce qui était sur papier (photos, courrier…), je me demande parfois s’il restera quelque chose de notre époque. Plus personne ne pourra tomber sur de vieilles photos jaunies ou des documents, soigneusement conservés, qui interpellent celui qui les trouve parfois bien des années après la disparition de ceux qui les avaient mis de côté. Et, qui plus est, peuvent se transmettre sans suivre la filiation.
Oui je me pose vraiment la question. Quel est l’avenir de la généalogie ? Laisserons-nous des traces derrière nous ? Y aura-t-il encore besoin d’éplucher nos archives ? Il existe même chez certains éditeurs une fonction de remplissage automatique des arbres généalogique, on se contente de valider des proposition...
À bientôt pour une nouvelle descente dans mon abime.