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U comme Ultimatum du Führer


Général Nehring

Parfois en compulsant de vieux papiers de famille, on tombe sur des documents étonnants. Voici un document d’une rare violence. C’est un ultimatum transmis sur ordre du Führer aux forces françaises stationnée en Tunisie. C’est juste après le sabordage de la flotte française à Toulon, le 27 novembre 1942, il y a 80 ans presque jour pour jour. La copie de cette lettre avait été reçue par mon grand père.


Novembre 1942 - contexte en Afrique du Nord

Cette lettre avait été écrite le 8 décembre 1942 par le général allemand Nehring (en photo ci-dessus), de l’Afrikakorps, à l’Amiral Darlan, chef des forces françaises stationnées en Tunisie.


Je pense nécessaire sans vouloir offenser l’électeur de faire quelques rappels sur le contexte de cette lettre.


Un mois plus tôt, les forces américaines et britanniques ont débarqué en Afrique du Nord et pris Alger et le Maroc aux forces de Vichy. La Tunisie est passée sous domination allemande.

Les forces allemandes, commandées par le général Rommel, sont en train de perdre du terrain en Libye. La Tunisie représente leur base arrière.


La Marine française s’est sabordée à Toulon moins de 2 semaines plus tôt empêchant l'Allemagne de mettre la main sur des forces maritimes susceptible de contrer celles de l’Angleterre maintenant alliée des États-Unis qui pouvait la couper de l’Afrique du Nord.


Les Allemands ne souhaitent visiblement pas que cela puisse se reproduire…


La lettre

Pour améliorer le confort de lecture, je vous propose cette retranscription :


« La Pecherie, le 8 décembre 1942


Mon Amiral,


Tenant compte du développement de la situation, le Führer, en accord avec le gouvernement italien, a ordonné que les troupes françaises en Afrique du Nord, soient aussi démobilisées comme cela s’est fait en France et transférées en France.


Sans mettre en doute votre loyauté personnelle mon amiral, il est un fait que la présence de vos troupes dans le dos des troupes combattantes allemandes et italiennes constituent un danger qu’il faut faire cesser au plus tôt. Il y a des faits éclatants même s’ils se sont passés en dehors de votre secteur de commandement, nous autorise malheureusement dans cette opinion.


En conséquence, j’ai reçu l’ordre de vous demander, mon amiral, de donner de suite les ordres nécessaires afin que tous les bâtiments, dépôts, installations portuaires, stations de TSF et autres installations militaires y compris les armes à feu portatives soient remises intactes aux troupes allemandes et italiennes et que tous vos sous-officiers et soldats soient conduits dans la presqu’ile au sud de Bizerte dans l’ouest de Meuzel-Abder-Ralmane, alors que les officiers se rendront à la Pêcherie (Ndlr: QG des troupes allemande), ceci sous préjudice d’un règlement final ultérieur. Messieurs les officiers pourront garder leur épée.


Je voudrais attirer votre attention sur le fait que couler des bateaux, détruire où endommager les armes ou les installations ci-devant nommées sera considérée comme un sabotage et poursuivi comme tel devant le Conseil de guerre.


En outre on a pris toute mesure pour empêcher immédiatement par la force des armes, tous actes semblables surtout tout essai de sortie d’unité. Tout déplacement d’unité sera par ailleurs considéré comme un essai de sortie.


On rendra possible votre transfert en France, mon amiral, ainsi que celui de vos troupes vous pourrez collaborer à la reconstruction des nouvelles forces armées. Le traitement futur ainsi que l’emploi des troupes qui resteront suivant votre désir en Afrique du Nord sera réglé à part.


Je vous serai reconnaissant mon amiral si vous donnez votre approbation à ce règlement qui rentre dans le cadre des accords conclus avec le maréchal Pétain, la question des intérêts matériels de chacun a déjà fait l’objet d’un règlement avec Vichy.


Si, par contre vous croyez mon amiral, ne pas pouvoir accepter ces conditions bien si lors de la remise des bateaux de guerre des batteries, etc... on opposait de la résistance, encore si on les coule, détruit, où endommage, alors je serais obligé d’employer immédiatement tous les moyens matériels dont je dispose déjà et qui sont suffisants pour m’assurer dans les plus courts délais l’acceptation des conditions déjà nommées ; Parmi celles-ci il y a :


1°) Tous les navires, les batteries et les campements de troupes seront bombardés de suite par nos avions avec des bombes à grande puissance et attaquées par nos troupes jusqu’à anéantissement total.


2°) Les équipages seront tués, jusqu’au dernier officier et soldat


3°) on ne fera pas de prisonniers, car une résistance de la part de vos troupes, après que les forces armées françaises, ont été dissoutes par le Maréchal Pétain, aura comme conséquence que ces mêmes troupes ne seront plus considérées par nous comme soldats réguliers d’après les lois de guerre en vigueur.


« À VOUS AMIRAL LA DÉCISION

Ou bien le libre retour en France - Ou bien la mort !


je vous prie, mon amiral de me donner votre réponse, dans un délai de 30 minutes et aussi de donner les dispositions nécessaires dans ce délai, je vous prie de bien vouloir vous tenir exactement à ce délai, étant donné qu’autrement nos actions pour l’occupation violente de vos navires, batterie etc... se dérouleront automatiquement »



Ultimatum aux forces françaises stationnées en Tunisie
Lettre du Général Nehring à l'Amiral Darlan

Lettre du Général Nehring à l'Amiral Darlan


Et après

Le général Nehring, auteur de cette lettre, n’aura pas à mettre ces menaces à exécution.

Le destinataire de cette lettre, l’amiral Darlan, sera assassiné moins de 3 semaines plus tard.

Le même mois, le Général Nehring, malgré ses succès contre les forces anglo-américaines en Afrique, sera démis de ses fonctions.

Il sera rapatrié en Allemagne dans le courant de ce même mois de décembre. Il rejoindra alors le front russe. Il est mort en 1983 à Dusseldorf.


À bientôt pour une nouvelle descente dans mon abime

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