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Comment un enfant déserteur devint notable
L'enfant soldat

Jean-Baptiste Bachelard est mon ancêtre direct, c’est l’arrière grand-père de mon arrière-arrière grand mère. Il naquit en 1741, à Usson, issu d’une lignée de paysans des montagnes du Forez, à l’est du massif central au sud de St Etienne.

 

Rejoignant une partie de sa famille partie s'installer du côté de Rennes, il part pour la Bretagne. Il est engagé vers 10 ans comme enfant de troupe dans l'armée. Sans doute, comme il était de coutume, en contrepartie d'une prime versée à ses parents.

Nous sommes en janvier 1752, Il embarque à bord du « Maréchal de Saxe », un navire de commerce  de 750 tonneaux 146 hommes d’équipage et armé de 20 canons. C'est le bateau dont vient de débarquer lors de son dernier voyage, Julien Millet de retour de Pondichery.

La compagnie militaire de Jean-Baptiste Bachelard doit se rendre à l’île de la Réunion.

Le déserteur

Était il victime de mauvais traitements comme souvent les enfants à bord? Ne supportait-il pas la vie en mer? Toujours est-il que le 20 avril 1752 il déserte au Cap de Bonne Espérance lors d’une escale dans la future Afrique du Sud. A l’époque la désertion était passible de la peine de mort. Sa motivation devait donc être forte.

Une fois en Afrique du Sud on le perd de vue.

Il revient du Cap probablement sous une fausse identité, comme passager clandestin (on en trouve de nombreuses traces sur les documents d’époque), voire sur un navire d'une autre compagnie. On le retrouve à Vannes 20 ans plus tard sans savoir ce qui s’est passé entre 1752 et 1771. Son statut de déserteur n’ayant été connu à Lorient qu’en 1754, il avait eu le loisir de revenir et s’éloigner.

Rôle d'équipage du "Maréchal de Saxe" sur lequel, à gauche du nom Bachelard, on peut lire: "Déserté au Cap de Bonne Espérance le 20 avril 1752

Le notable

Devenu marchand il part du côté de Rennes, à l’ouest de la ville, à Mordelles, vers 1765 où il épouse la fille d’un ancien enfant de troupe Jeanne Lacour, dont le frère, René Lacour, sera sous l’Empire le futur maire de Ménéac [1803-1808] en Bretagne. Il est devenu un notable, un des rares à savoir écrire dans cette commune reculée ou nul ne viendra rechercher un ancien déserteur disparu 20 ans plus tôt en Afrique du Sud. Peut-être que ses proches ignorèrent tout de cette histoire.

 

A sa mort en 1791, à 50 ans, son père, Jean, âgé de 79 ans, est encore en vie, mais j'ignore s'il est resté en relation avec sa lointaine famille à laquelle il n'est jamais fait la moindre allusion dans les actes le concernant. Ma conviction est qu'il avait rompu avec elle car dans d'autres cas de départ des indices montrent que ces relations existaient.

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