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I idylle dans le Pacifique

Dernière mise à jour : 23 déc. 2022


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Un simple cousin, témoin de mariage, peut ouvrir la porte sur un itinéraire insoupçonné. Découvrez mes liens avec l’introduction du Bougainvillée à Tahiti.


Un cousin introuvable


Le 28 juin 1848 mes ancêtres Louise Leborgne et Félix Petiot se mariaient. Parmi les témoins, François Butault, étudiant en pharmacie à Brest et cousin de la mariée.

Comme toujours, j’essayais de compléter le profil de ce cousin, mais, malgré mes efforts je n’arrivais pas à retrouver sa trace. Les années passaient. Ce cousin qui ne constituait pas une priorité de mes recherches. Mais, il m’intriguait, je ne l’oubliais pas.


Un jour, j’apprends la sortie d’un dictionnaire des pharmaciens de Marine du 19e siècle. Le livre est cher, et j’ignore où le consulter. Par chance l’un de ses auteurs est un ancien ami de mes parents que je m’empresse de contacter. Les renseignements qu’il me donne me permettent vite de comprendre pourquoi je l’avais perdu de vue. Ce n’est pas dans le Finistère qu’il fallait que je le cherche mais aux antipodes, dans le Pacifique, à Tahiti.


Ascension sociale

François Butault était né le 12 aout 1824 à Guemené dans le Morbihan, après lui viendront 10 autres enfants, dont 4 mourront en bas âge. Il est intelligent et doué, il fera des études supérieures, à Brest où il intègre l’Ecole de Médecine Navale. En 2 générations, la famille a réussi un véritable bond social. Le grand père, Pierre, était jardinier, le père marchand, le petit-fils devient médecin pharmacien.

Le 1° janvier 1848, François, qui s'est passionné pour la botanique, sort diplômé de pharmacie et chirurgie.

Dernière visite en Bretagne

Il obtient alors une permission de 4 mois qu’il va passer dans sa famille à Guémené. Il la verra alors pour la dernière fois. Les choses se sont alors sans doute très mal passées. Après ce séjour, François cherchera à effacer tous lien avec sa famille, il change même l’orthographe de son nom. En 1848, il signait Butault , en 1850 ce sera Butteaud.

D’abord interne à l’hôpital maritime de Brest, il embarque pour une première campagne sur les côtes d’Afrique puis enchaîne les affectation sur divers navire jusqu’à un jour ou, Gabon, à l’occasion d’une escale, il attrape une maladie tropicale. Il souffrira de fièvres et gastrite chronique jusqu’à la fin de sa vie. Son état maladif ne l’empêchera jamais d’exercer son métier mais l’affaibliront de façon permanente.


Idylle à Tahiti

Son navire le « Phoque » fait partie d’une flottille de 4 navires chargés d’assurer l’ordre et de mater les quelques tentatives de rébellion sur les îles Marquises et Tahiti que la France vient d’annexer.

Aux Marquises, son bateau embarque une jeune veuve de 32 ans, Marie Chery, originaire de Clermont-Ferrand. Elle est mère de 3 enfants, dont un fils, Ernest « dont le père ne peut être nommé ». Elle était « Marchande de Mode » à Nukuhiva aux îles Marquise, elle part s’installer à Papeete.

À bord entre François et Marie une idylle se noue, elle durera toute leur vie.

A Tahiti, il n’y a pas de peuplement occidental, à part quelques missionnaires religieux, quelques anglais et hollandais, protestants, dispersés dans différentes îles. On trouve des chinois appelés comme main d’œuvre par le principal planteur de l'île, un irlandais, ancien contrebandier en Australie. Celui-ci, avec le soutien des autorités françaises cherche à mettre en valeur l'île et fait construire les infrastructures nécessaires à la France pour assurer sa présence.

En juin 1853, François et Marie qui vivent maintenant ensemble, hors mariage, ont  eu une fille, mais à peine celle-ci est-elle née que François va partir en campagne pour 2 ans.


La conquête de la nouvelle Calédonie

Le navire de François, le «Phoque» part, vers août 1853, avec l’objectif de prendre possession de la Nouvelle Calédonie. Les français commence à s'établir sur les points ou les tribus locales ne leur témoignent pas d'hostilité, et en 2 ans l'ïle est conquise.


François Butteaud est un des cosignataires de l’acte de prise de possession de l’île.

La nouvelle Calédonie conquise, François retourne à Tahiti ou il retrouve sa bien-aimée et leur fille qui a maintenant 2 ans et qui ne connaît pas son père. Nous sommes en 1854.


Il doit rapidement repartir en mer, laissant sa compagne enceinte. Il devra attendre son retour pour apprendre qu’il est devenu père d’un fils Edouard. Sur 4 ans François a passé 2 an ½ en mer. 

Toujours malade, et épuisé par sa dysenterie chronique, François Butteaud démissionne de la marine et fonde le premier cabinet médical de Tahiti. Neuf ans plus tard, une maladie l’emporte le 3 octobre 1863.


Les enfants de François Butteaud

Le premier fils de Marie, Ernest Chery-Butteaud (il a adopté le nom de son beau-père) deviendra interprète franco tahitien, avec son demi-frère, Edouard Butteaud, le fils de François, il va se passionner pour la culture et la nature polynésienne.


Edouard sera à l’origine de l’introduction sur l’île du Bougainvilliers qu’il acclimate avec succès en 1874. Une première tentative, 27 ans plus tôt s’était soldée par un échec.

Il rédige un livre sur la flore de l’île, sans doute le premier ouvrage sur ce thème.


Il se passionne pour la culture locale et constitue une riche collection d’objets tahitiens , l’une des ses plus belle pièces est un diadème marquisien paekaha à base de plumes de coq et d’écaille de tortues.


On peut lire aujourd’hui encore:

«  Il y avait autrefois à Tahiti un passionné de la science nommé Ed. Butteaud. Ses collections avaient maintes fois failli sortir de la colonie. Des offres tentantes avaient été faites par les scientistes de Honolulu et d'ailleurs. L'héritier de ces trésors les a gardés avec un soin jaloux et ils sont aujourd'hui au Musée de Tahiti qui en a fait l'acquisition. »


Il est curieux constater que la mémoire locale confond souvent les deux frères Ernest et Edouard et qu’il est parfois difficile d’attribuer des choses a l’un ou l’autre. Souvent la seule signature E. Butteaud ne permet pas de les distinguer.


Ernest meurt en 1927 et Edouard en 1933, tous les deux à Papeete.


Leurs cousins métropolitains ignoreront tout de leur destin.


A bientôt pour une nouvelle descente dans mon abime.


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