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Photo du rédacteurHervé Fauve

K comme Kersulec et la révolution

Dernière mise à jour : 23 déc. 2022


Lorsque j’ai parlé du principe du challenge A-Z à mon fils, il m’a regardé, amusé, en me disant : « C’est bien beau ce projet mais comment vas-tu faire pour les lettres K, W X et Y.»

J’ai alors pensé à ma trisaïeule qui s’appelait Marie-Noëlle Kersulec (sosa 27), avec un K. 3 membres de cette famille ont attiré mon attention.


Marin dans la Royale

Le premier, Mathurin Kersulec, s’engage dans la Marine Royale où il n’oubliera pas ce mois de juin 1786 où il aura l’immense bonheur de toucher les vêtements du Roi Louis XVI, en visite à Cherbourg, où le souverain de 32 ans voit la mer pour la première fois.


En 1790 lorsque la révolution commence, il et toujours dans la Marine. Il y poursuit sa carrière. Son navire, “La Ferme” est envoyé en Martinique pour protéger l’île des appétits anglais qui semblent vouloir y planter leur drapeau.


Ceux-ci n’ont pas digéré la récente indépendance des États-Unis à laquelle la France a apporté une contribution décisive. D’ailleurs, le Gouverneur en Martinique, Donatien de Rochambeau, est le fils de l’homme qui a permis à Georges Washington de remporter la victoire décisive de Yorktown, 9 ans plus tôt.

Le pouvoir central de Paris est affaibli par les premiers troubles de la révolution. Pour l'Angleterre, le moment semble propice à une opération contre les Antilles françaises.


En Martinique la déclaration universelle des droits de l'homme et du citoyen, de 1789 ne peut que soulever l’espoir des esclaves. « Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits.».

Sans attendre de délai, un décret d'abolition de l'esclavage est promulgué le 29 août 1793. Pour qu'il soit parfaitement compris, il est publié en créole.



Inutile de préciser que cela passe très mal auprès des planteurs qui exploitent les champs de canne à sucre. Non seulement ils perdent leur main d'œuvre, mais en plus, il faudra sans doute la payer. La République et l'autorité de son représentant sont contestées. La situation est tendue, au bord de l'insurrection.


C’est le moment ou le bateau “la Ferme », rebaptisé “Le Phocion”, plus républicain, doit regagner la France. C'est sans Mathurin, qui, pour une raison inconnue, est resté en Martinique.


Sur la route du retour les officiers du Phocion décident de prendre parti contre la République et de rallier le Royaume d'Espagne. .


Prisonnier des anglais

Les planteurs martiniquais, eux aussi, rejettent la République. Ils font appel à l'Angleterre. La Royal Navy attaque et prennent l’île au prix de violents combats, en mai 1794, .

Mathurin Kersulec est grièvement blessé. Il est soigné et regagne l'Europe, prisonnier des anglais.

La Martinique est conquise, les anglais rétablissent l’esclavage


Du fait de sa blessure, Mathurin Kersulec est libéré par les anglais. Mais, c’est pour être immédiatement incarcéré en France. Il est accusé de complicité de trahison avec les officiers du navire qu'il avait quitté “le Phocion”.

Il est finalement innocenté et reprendra du service jusqu'en 1795 où il prendra sa retraite comme juge de paix dans la commune de Pont-Aven.


Quand la Martinique reviendra à la France, après le traité d'Amiens en 1802, Napoléon a rétabli l'esclavage. Les malheureux devront attendre 1848 pour que celui-ci soit définitivement aboli.


Chouan et allié des anglais

C'est justement en 1795 qu'un des cousins de Mathurin, mon ancêtre Jacques Kersulec (sosa 108) va participer à une opération contre la République.

Depuis 3 ans La Bretagne est en insurrection.

D'un côté les républicains, surnommés les Bleus, de l'autre les Chouans. C'est une guerre féroce une guerre civile où les assassinats les exécutions, sommaires, les massacres sont monnaie courante.

Jacques Kersulec comme beaucoup de paysans bretons, a épousé la cause des chouans. Il a rejoint Georges Cadoudal, un des principaux meneurs de la révolte.


Les chouans ont décidé d’apporter leur concours à une opération, conçue par l'Angleterre: le débarquement de troupes royalistes, qui trouveraient en Bretagne une terre favorable à leur cause.

Le 23 juin 1795 une armée composée de nobles émigrés et de troupes anglaises débarque à Quiberon soutenues sur place par les chouans. Jacques Kersulec fait partie des chouans qui, à terre, doivent faciliter l'opération.


La mauvaise organisation, la mésentente qui règne entre les nobles émigrés, leur mépris vis à vis des paysans bretons qui les soutiennent, vont transformer ce débarquement en catastrophe. Le général Hoche, qui commande les troupes françaises, va faire 6200 prisonniers. 800 seront fusillés. Heureusement pour lui, Jacques Kersulec passe au travers. Il échappe aux troupes républicaines sans être inquiété.


Cette tentative avortée marquera la fin des ambitions des nobles émigrés pour renverser le pouvoir révolutionnaire. La chouannerie bretonne en restera définitivement affaiblie.


À la conquête de l’Algérie

Après la révolution et l'empire c'est la restauration. Un neveu de Jacques Kersulec, Ange, peut s'engager dans la Marine Royale sans être en conflit avec les valeurs de sa famille. il participera aux opérations de conquête de l'Algérie entre 1830 et 1831.


Epilogue

Nous aurons l'occasion de revenir sur la chouannerie dans d'autres billets. J'ai remarqué, parmi mes ancêtres, qui ont été chouans ou républicains, que les familles, qui avaient embrassé la cause de la chouannerie, n'ont eu aucune union avec des familles républicaines.

Cela allait durer jusqu'à la guerre de 14-18.


A bientôt pour une nouvelle descente dans mon abime.


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