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P comme Prisonniers de guerre

Dernière mise à jour : 18 nov. 2022



Depuis la guerre de 7 ans il y a 260 ans, les hommes entrainés dans les conflits ont pu se retrouver prisonniers de guerre. Voici ce que certains, dans ma famille, ont pu traverser…


Des recherches impossibles

Pour être très franc, je n’ai jamais réussi à retrouver leur trace dans les pays où ils étaient prisonniers. Leur nom était sans doute transcrit phonétiquement par un locuteur d’une autre langue. Les archives y sont très peu documentées. Elles semblent avoir souvent été détruites si j’en crois les sites anglais et allemands que j’ai pu consulter.


Guerre de 7 ans (1756-1763)

Un membre par alliance de ma famille a été prisonnier de guerre pendant la guerre de 7 ans. Il s'appelait Jean Rouault, c'était un marin de Saint-Malo qui ne reviendra pas des geôles anglaises.


À cette époque, le roi de France donnait, à partir de sa bourse privée, de l’argent au profit de ses sujets prisonniers en Grande-Bretagne. Cette prime avait été inspirée par les plaintes continuelles concernant le mauvais traitement des prisonniers de guerre en Angleterre.

Chaque jour, sauf le samedi, chaque homme recevait une livre et demie de pain, trois quarts de livre de bœuf et une pinte de bière. Ils recevaient de la viande fraîche tous les jours. Le samedi, au lieu du bœuf, ils avaient droit à quatre onces de beurre ou six onces de fromage et quatre fois par semaine, Ils avait, en plus, une demi-pinte de petits pois. Leur condition était meilleure que les marins britanniques n’avaient de la viande que deux fois par semaine, et parfois pas aussi souvent.


Guerre de la révolution et de l’empire (1790-1815)

Jusqu’à ce que Napoléon devienne Premier consul en 1799, il y aura quelques rares échanges de prisonniers entre l’Angleterre et la France.

Mon lointain parent, Mathurin Kersulec, en bénéficiera in extrémis et sera libéré, blessé, moins d’un an après avoir été fait prisonnier par les anglais lors de la prise de la Martinique (Voir lettre K comme Kersulec).


Une fois au pouvoir, Napoléon durcira la position française. Il ne libèrera aucun captif britannique, y compris les non-combattants, considérant que tout homme valide pourra reprendre les armes pour contre les Français. Et ce, malgré une forte disproportion entre le très grand nombre de prisonniers français, essentiellement des marins, et le faible nombre d'anglais. La domination maritime anglaise, avec peu de troupes engagées dans les opérations terrestres, explique cette situation.

Si les officiers capturés vivaient dans un confort relatif, en liberté conditionnelle, les soldats et les marins ordinaires étaient contraints d’endurer des conditions de vie plus dures. Ils étaient entassés à bord des navires capturés ou dans des casernes surpeuplées. Les hommes recevaient souvent des rations moisies et des vêtements inadéquats. Le manque d’hygiène et la mauvaise qualité de l’air favorisaient la propagation des maladies. Cette sinistre réputation des prisons maritimes anglaises allait traverser les siècles, et gêne toujours les britanniques lorsque la question est abordée.


Les prisonniers, d'Angleterre, de Prusse, de Russie et des autres pays revinrent progressivement à partir de 1814. Certains, notamment en Russie, ne revinrent jamais, ayant trouvé sur place une vie qui leur semblait meilleure que celle qu’ils retrouveraient à leur retour.


Dans ma famille, Paul Le Folgoc, fait prisonnier à Waterloo, attendra 2 ans avant de revenir.


Guerre de 70 (1870-1871)

Je n’ai rien trouvé pour les guerres coloniales. J’ignore s’il y avait des prisonniers de guerre.


La rapidité de la défaite française, en 1870, va prendre de court Bismarck et l’empire allemand. Le nombre de prisonniers monte à 383 000 français, contre 8000 allemands prisonniers des français.

L’impréparation à cette situation allait entrainer des conditions et de transport des prisonniers assez abominables. Ils sont mal nourris, dans des conditions insalubres avec son lot de maladies, d’expositions aux intempéries de l’hiver 70-71, qui se traduisent par de nombreux morts.

Ernest Lansard, cousin de mes ancêtres, est prisonnier à l’issue de la défaite Gravelotte, passée à la postérité avec l’expression « Ça tombait comme à Gravelotte ».

Une fois la défaite consommée, une partie de ces prisonniers, dont Ernest, sontlibérés à la demande d’Adolphe Thiers, le futur Président de la République. Il a besoin d'eux pour réprimer l’insurrection de la Commune de Paris. Ils participeront à la tristement célèbre « Semaine sanglante » qui se termine par les exécutions en masse des insurgés.

Durant cette guerre, même si les conditions en furent pénibles, les détentions furent de courte durée, de 10 mois en moyenne.


Guerre 14-18

La rapidité de l’avance allemande de 1914 prend, à nouveau, de court les allemands. Ce sont les mêmes problèmes de logistique des captifs que la guerre de 70. Une fois de plus les conditions de vie des officiers étaient bien meilleures que celle des simples soldats.

Mon arrière-grand-père est capturé en aout 1914. Il est libéré 1 mois plus tard, sans doute grâce à son statut de médecin, par l’intermédiaire de la Croix-Rouge suisse.


Guerre 39-45

Il est inutile de détailler ce que furent les conditions de détention de la guerre 39-45 abondamment décrites dans de nombreux livres ou films. Elles furent variables selon le lieu et la raison de l’incarcération.

Trois de mes grands-oncles furent prisonniers, Yves le Bihan et Georges Fauve en Allemagne, René Fauve, au Vietnam, dans un camp japonais.

Après une nouvelle période d’impréparation devant le nombre de prisonniers, les conditions d’internement des soldats deviennent rapidement convenables.

Yves Le Bihan, qui avait 4 enfants, sera libéré en 41. Georges se mariera par contumace durant son internement. Il sera employé dans des travaux agricoles avant d’être libéré, après 3 années d’internement, en 1943. Aucun des deux ne fera le récit de scènes atroces à leur retour. Ils auront plutôt de nombreuses anecdotes à raconter.

Au Vietnam, avec les japonais, la situation est autre. Pendant 2 ans, mon grand-oncle René n’aura aucun contact avec sa famille. Il est interné à Saïgon où il résidait avec sa famille avant le conflit. Parfois son fils, Daniel, passant en bicyclette devant le camp, muet et impassible, voit, de loin, son père de corvée de poubelle au moment où elles sont sorties.

Les conditions d’internements sont dures, les japonais impitoyables.

Mon grand-oncle, policier avant sa captivité, voit son ancien supérieur crucifié vivant devant tous les prisonniers, sommés d’assister au supplice.


Un cousin de mon grand-père, Léon Le Bihan, officier de l’armée, reste prisonnier pendant 5 ans. Blessé à la cuisse, près de Béthune en 1940, il est fait prisonnier. Il est soigné et opéré par un chirurgien allemand qui lui annonce qu’il ne se ressentirait jamais de sa blessure de guerre, ce qui fut le cas.

Il est libéré en 1945 par les Américains et rapatrié à Paris par avion. Il pèse 35 kilos, pour plus d’1,80 mètre.


Tous eurent la chance de revenir vivant…


À bientôt pour une nouvelle descente dans mon abime.


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